samedi 17 avril 2010

Excusez-moi Mademoiselle, je regardais passer les fantômes

Les portes se sont ouvertes dans une violente bourrasque de vent. J'avais encore les yeux baissés. Trois secondes plus tôt, j'admirais les plaques sur le sol avec une certaine nostalgie. Mais mes cheveux volants autours de ma tête m'ont fait voir un peu plus haut... Il y avait une odeur de vieille glace qui flottait dans l'air. Les lieux étaient sombres et brumeux. Il faisait si froid. Ni la peur, ni la confusion, ni la curiosité ne pouvaient m'affecter. Je ne pouvais que constater l'évènement, assister aux premières loges à ce spectacle étonnant.

Des murmures. Des demi-voix. Des rires, des cris, des pleurs, des mots aussi, parfois. Des mots anglais, beaucoup et en français, surtout. Je pouvais entendre des extraits tirés d'un passé lointain, mais aussi ceux d'une époque plus proche. Un casse-tête qui semblait prendre forme devant moi. Au milieu de tout ce boucan, l'énergie qui passait était intense. À un tel point que, dans l'humeur opaline de la scène, se détachaient des formes, des filaments de cette substance légère qui se prenait dans les brises subtiles. J'étais complètement paralysée. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé ainsi. Le temps c'était arrêté.

Une bousculade dans mon dos coïncidait avec des faisceaux de lumières vertes, bleues, roses... Et aussitôt, le beat techno est apparu. Des gens passaient, pressés, les portes tout autour de moi s'ouvraient sur les commerces, les murs m'offraient des films. Le temps d'un souffle pour tout cela et je me suis retournée. Un homme âgé posait sa main sur mon bras en me demandant de le pardonner, c'était lui qui m'avait heurté. "Excusez-moi mademoiselle. Je regardais passer les fantômes!..." Dit-il, avant de s'éloigner lentement vers les reliques du centre de la glace, en enlevant son chapeau.

Il y a toujours une drôle d'ambiance au vieux forum. Mais à la veille du premier match des séries du centenaire, mon pèlerinage prit un tout autre sens. Les fantômes du forum se sont réveillés. Ai-je rêvé cet homme? La plénitude momentanée de l'ancien amphithéâtre n'a pas touchée que moi. Il l'a vu lui aussi. Dans son regard qui a tout vu, j'ai vu tout ce qu'il me reste à voir. Je crois que les fantômes ne faisaient que plier bagages. En sortant quelques minutes plus tard, je peux jurer avoir croisé ces fantômes, en route pour Washington.

Je ne crois pas que le Canadien gagnera la Coupe. En fait cette année je ne crois en rien, je ne fais que constater ce qui se passe. Mais j'avoue qu'au passage, y'a des moments comme ça qui me font sourire. Je sais pas non plus si c'est les fantômes ou juste un bon momentum, mais je passe franchement de bons moments de séries jusqu'à maintenant. Une fine magie flotte dans l'air. Je retiens mon souffle, de peur qu'elle ne se dissipe...

samedi 10 avril 2010

Une fin

Y'a des petits morceaux qui collent
J'y pense pas mais ça apparait sournoisement
Ton visage prend vie une seconde
Sur le sourire, dans le regard d'un passant.

J'veux pas oublier, mais j'veux pas y penser
Je sonde mon âme pour décoller ensuite
Ces reflets de toi, la musique de ta voix.
Je teste ou j'exorcise? Je reformate.

Oui je me souviens, je me souviens du vivant
Je le trouve mort et depuis, il semble si ancien
Ce vivant et ce loin, ce doute et ce mystère
Les mystères s'envolent, décrochés de mes mots.

Les feuilles se défripent l'automne est bien loin
Les feuilles qui tombent tombent dans l'oubli
Je pense encore à la solitude du vent dans les arbres
Mais l'été bientôt en effacera le souvenir.

Je t'efface un peu, le temps m'aide, enfin!
Le traitre... c'est rare qu'il joue dans mon camp.
T'es plus que des morceaux, des miettes de miettes qui restent
Si le silence s'écrivait, j'en aurais fait la fin.

vendredi 9 avril 2010

La chemise

J'ai pendu la chemise
Elle avait des mauvais plis
Qu'importe, personne ne la voit
Elle n'existe plus, la chemise.

Je l'ai rangé cent fois
La maudite chemise
Puis je reprend mon geste
Et la laisse tomber sur le sol.

Je la déteste et j'y tiens
Elle gît et moi j'éteins
Les satanés souvenirs blancs
Qui tachent la maudite chemise blanche.