lundi 27 avril 2009

Et alors?...

Et maintenant
Il y a une tempête qui me ravage
J’ai cru me noyer loin de toi
Mais tu m’as ouvert les yeux
Je peux bien tout perdre, mais pas nous.

Et je tremble
N’existe plus alors que l’odeur de ta peau
Et je pleure
Chaque baiser, chaque petit bonheur
Je les avais perdus à jamais

Et un sanglot de plus
Mes larmes n’ont plus de sens
Ta voix me console
Quand tu me dis « je t’aime » c’est la même rengaine
On est champions pour se faire de la peine

Et je t’aime
J’imprime mes doigts sur ton dos
Et ton corps sur le miens
J’ai eu si peur de te perdre
Gardes-moi dans tes bras…

Et toi. Et moi.

mercredi 22 avril 2009

Eux

C’était un soir d’automne. L’atmosphère était lourde mais conviviale. C’était un soir de première, tout avait été parfait, les gens avaient été nombreux, le stress était tombé. Les amis fidèles étaient réunis dans l’antre du grand créateur, avec un feu dans la cheminée; même les voix semblaient feutrées.

C’était un soir comme il y en a peu dans une vie. Un soir de solitude commune, quand chacun se passe et repasse ses souvenirs frais comme pour les imprégner à jamais. Comme pour les rendre irréels et inaccessibles. Pour s’en détacher un peu, histoire de passer à autre chose.

Dans l’appartement obscur, tous ces gens étaient amortis, mais gonflés d’une énergie mystique. Dans l’enceinte de ces murs colorés, le temps passait au ralenti, faisant fi du tictac pressé qui résonne en permanence dans les rues de la métropole. Peu de regards, et encore moins de mots, on aurait pu croire à une villégiature de mimes en vacance. Mais très rapidement, les visages deviennent mats, les traits tirés. Puis les acteurs de cette scène étrange rentrent chez eux. Ils n’étaient plus que deux. Physiquement.

C’est là que la vraie soirée devait commencer. Mais rien ne commença. Elle, les yeux fermée, pour ne pas faire face à l’évidence. Lui, les yeux grands ouverts, voyant défiler tout ce que ce rien pourrait être. Un silence à couper au couteau, un tableau jauni comme s’il avait été installé là il y a des années. Il attendait les personnages. Mais les rôles étaient mal distribués.

Normalement, les garçons aiment faire rire les filles. Pas celui-là. Il veut les émouvoir. Les attendrir. Il fait rire tellement de gens, c’est machinal, voir viscéral. Ce n’est pas ce qu’il veut inspirer chez une dame. Il aimerait ouvrir son âme, se sentir nu devant elle, laisser aller sa poésie, aller encrer dans son cœur une prose et des notes de musique. Être celui qu’il n’est pas avec personne. Être celui qu’il n’est qu’avec lui-même.

Normalement, les filles aiment que les garçons les fassent rire. Pas celle-là. Elle veut être émue. Attendrie. Elle rit tellement souvent, c’est machinal. Ce n’est pas ce qu’elle attend d’un homme. Elle voudrait ouvrir son âme, se sentir nue devant lui. Embellir les paysages de poésie et de notes de musique. Être celle qu’elle n’est avec personne. Être celle qu’elle n’est qu’avec elle-même.

Tous les deux le savaient très bien. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il gardait ses yeux ouverts sur ce qui devait être selon lui le début d’une histoire grandiose de création et de liberté. Il avait la ferme conviction que tous les deux devaient vivre cette relation sans titre aucun. Sans mot pour définir exactement ce que c’était. Vivre simplement. Elle, obsédée par les mots, voulait définir chaque évènement et chaque sentiment, maîtriser la narration avec un dictionnaire dans une main, et son cœur dans l’autre.

Il faisait de plus en plus chaud dans le vieux salon. Les boiseries semblaient s’agrandir et remplir l’espace rendant l’air irrespirable. Il ouvrit les vieilles fenêtres de bois; erreur fatale. La cellule close capturée dans un moment qui avançait avec des unités de temps indéterminé s’était effondrée. Une brèche était ouverte. TICTAC! TICTAC! Rapidement le temps les rattrapa et elle ouvrit les yeux. Il la regardait. Il espérait. Elle le regardait. Elle doutait. Comme propulsée dans la réalité, éjectée de ses désirs dramatiques, elle brisa le silence.

Déçu, il baissa les yeux un instant, un instant de trop. Rompant l’hypnose d’un seul coup.

Puis elle se leva et prit son manteau, il la conduisit jusqu’à la porte. Avant de partir, elle déposa un baiser sur la joue de ce poète incompris. Ses lèvres touchèrent sa peau pendant une éternité. Pendant toute une vie. Pendant tout un monde. Pendant l’éternité d’une seconde.

Il resta là, debout devant la porte ouverte, écoutant ses pas s’affaiblir dans le long couloir. Puis il referma la porte. Elle était partie.

mardi 21 avril 2009

Musique

La musique me berce en mélancolie
Je suis triste comme une pluie de novembre.
J'aime les élans de voix, les non-dits.
Les notes sentent le silence âcre.

J'ai expiré des vœux sans réplique
Je régresse dans un passé indifférent.
Le piano se remémore d'anciennes mélodies
Chaque souffle a sa raison d'être.

J'sais plus comment j'me sens.
Les mots, les miens, les autres...
Se bousculent en dedans
Les chansons se suivent et ne se ressemblent pas.

lundi 20 avril 2009

Reflets

J'ai connu des inconnus à perte de vue
Une odeur de javel et de bois.
L'automne et ses feuilles sur la rue...
C'est fou comme tout change vite parfois.

À la lueur des chandelles j'ai ri et j'ai bu.
J'ai coloré un homme triste sous mon toit.
On a marché souvent; moi lui et le froid...
Constaté le temps qui file et le silence qui s'insinue

J'ai trouvé ce que je n'avais jamais connu
Pour mieux devenir et me connaître, moi.
Des heures de reflets et de songes incongrus...
J'me fous de ce qu'ils pensent... et toi, t'en dis quoi?

samedi 18 avril 2009

D'or et déjà

Le ventre d'un félin
L'éternité d'une seconde
Le bruit de ces mains
La chaleur des visages

Une ombre et un rideau
Une description malhabile
Un souvenir de fumée
Des fous dans une foire

Une liste insipide
Une liste lourde d'absurde
Un crayon fatigué
Un accord de guitare...

Des tonnes de papiers

Y'a des tonnes de papiers.
Des tonnes et des tonnes de papiers
Ils jonchent le sol.
Des papiers gras, des papiers noirs.
Des phrases incomplètes et des ratures perplexes.

Y'a des tonnes de silences.
De tes yeux à mes yeux, des tonnes de silences.
Une fin impossible.
Tes heures blanches et tes pages mortes
Se mêlent aux cheveux de la muse suicidée.

Y'a des tonnes de regrets.
Sur tes lignes et ton front des tonnes de regrets.
Un classique nouveau.
Je n'avais jamais vu tes yeux morts noyés.
Un monde est à refaire et un homme aussi.

Y'a des tonnes d'images.
Sous mes paupières et mes doigts, des tonnes d'images.
Les mains sur le sol.
Je regarde le feu brûler les éclats de génie.
Je referme les yeux de la muse, et aussi les miens...